Vint le jour des Azymes, où il fallait immoler la Pâque. Il envoya Pierre et Jean, disant : « Étant partis, préparez-nous la Pâque, afin que nous la mangions.»Ils lui dirent : « Où veux-tu que nous la préparions ?»
Il leur dit :«Voici, comme vous entrerez dans la ville, viendra à votre rencontre un homme portant une cruche d'eau. Suivez-le dans la maison où il pénétrera, et vous direz au propriétaire de la maison : ?Le Maître te dit : Où est la salle où je mangerai la Pâque avec mes disciples ? et celui-ci vous montrera une salle haute, grande, garnie de coussins ; là préparez tout.»
S'en étant allés, ils trouvèrent comme il le leur avait dit et préparèrent la Pâque.
L'Eucharistie que Jésus va instituer perpétue pour toujours, par le pain et le vin transformés, l'incarnation du Verbe dans les conditions de l'existence corporelle. De même qu'il ne convenait pas que la naissance eut lieu en public à l'hôtellerie mais bien dans le secret d'une grotte de même, l'institution de cette théophanie doit être aussi discrète que la naissance : non plus dans une grotte mais dans une " salle haute " à l'écart des regards.La quête de Pierre et de Jean partis à la recherche de cette " salle haute ", fait penser à celle des Rois-mages qui, connaissant le moment de l'Incarnation, devaient toutefois s'en faire préciser le lieu par Hérode ; ici, Pierre et Jean savent que le " moment " est venu mais doivent suivre un bien énigmatique "porteur d'eau" qui leur indiquera le lieu où s'accomplira le mystère eucharistique. |
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Judas, l'un des douze choisis par Jésus, était celui qui demeurait lié au monde par sa charge d'intendant, il tenait la bourse commune et veillait donc au " commerce " avec ce monde. Servir ainsi deux maîtres : le Christ et le monde le disposait sans doute à la duplicité et peut-être même à la trahison mais il n'avait pas, de lui-même, le pouvoir de passer à l'acte et de livrer le Fils de Dieu. Il faudra la bouchée offerte pour que l'antique serpent confirme Judas dans son inclination à la trahison ; il faudra surtout, au moment ultime, l'injonction définitive du Maître : " Ce que tu as à faire, fais-le vite. "Le Christ venait de faire quelques jours auparavant une entrée triomphale à Jérusalem où la foule vint l'acclamer comme roi et où il avait enseigné publiquement à la synagogue devant le collège des prêtres ; dans ces conditions, il n'était besoin ni de Judas ni de son baiser pour Le reconnaître et L'arrêter !Or la Sagesse voulut cependant qu'existât Judas comme pour nous montrer que la régénération de notre humanité par la Passion du Christ procédait, dès les premières heures, non d'une volonté extérieure, humaine, personnelle et mondaine, celle des prêtres, des soldats ou de moi-même, mais de la seule volonté du Principe en la Personne du Christ dont les douze disciples qui " l'entouraient " constituaient le " vêtement ". Ce ne pouvait être que l'un de ceux-ci - émanations du Christ et de son Autorité - qui introduise au mystère de Pâque !
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Ayant dit ces choses, Jésus fut troublé en son esprit rendit témoignage et dit :« En vérité, en vérité, je vous dis : l'un de vous me livrera .»
Les disciples se regardaient les uns les autres, ne sachant de qui il parlait. Un de ses disciples était à table, sur le sein de Jésus celui que Jésus aimait. Simon lui fait signe et lui dit : « Dis quel est celui dont il parle.» Celui-là, se penchant alors sur la poitrine de Jésus, lui dit : « Seigneur, qui est-ce ?» Jésus répond :
« C'est celui-là pour qui je plongerai la bouchée et la lui donnerai.» Et, plongeant la bouchée, il la prend et la donne à Judas fils de Simon Iscariote. Et, après la bouchée, alors entra en celui-là Satan. Jésus lui dit donc :
« Ce que tu as à faire fais le vite .»
Prenant donc la bouchée, celui-là sortit.
Or c'était la nuit.
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