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Graduel
Textes et gravures de Gilles Alfera


QUI ETES-VOUS LUMIERE ?

Agir céleste dans l'épaisseur des choses
je vous cherche, isolé, a la périphérie des formes
où l'ombre qui vous chante exaspère mon attente.

Où êtes-vous lumière ?

Je vous guette, assoiffé, à la racine de l'arbre
déjà la sève balbutie son automne,
de ses bras exfoliés des étoiles descendent

Je sais qu'un soleil s'éveille à ce tronc dépouillé
je vois aussi, 0 mon exil, ascèse jamais finie,
apparaître l'ombre qui me sépare de vous.

J' écoute la prière , malhabile, battre mon coeur
telle, sur l'enclume, la masse du forgeron
dans les mains d'un enfant.

Où êtes-vous lumière ?

Ailleurs, au creuset d'un vaisseau d'argile octuple,
un homme recevait les trois signes de la crèche
et le don de faire tourner la roue.


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JERUSALEM.

Je marche dans la ville
la cité est grosse de six mille ans d'espoir
chaque mur tressaille de la peine des hommes
serait-ce l'heure de l'enfantement ?

Abraham, Ismaël, Jésus, vos enfants sont amers
ils se déchirent ces murs aux confins de la nuit
sans voir la cité sainte qui déjà se dessine
car ils ont oublié Salem, la cité de Marie.

Or, plus loin, se voit de ciel en terre descendre la cité juste
sceau de la promesse à l'aube d'un nouvel âge
dans l'air devenu solide jusqu'à l'irrespirable
pour le coeur du soleil elle ouvre soudain la voie

Cité cubique fondée dans l'éternel présent
ta nef est au port où toute chose a son terme
le cercle se mue en carré, la pierre surgit de ta coupe
et donne à nouveau le chiffre de l'étoile intérieure.

L'humaine solitude s'endort dans les rets
d'un flux mystérieux qui saigne aux douze portes
pour reverdir l'écorce des rites finissant
et goûter à nouveau l'ivresse de Noé.