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BIOGRAPHIE

 

L'ART INTENTIONNEL
Introduction de René Déroudille à une exposition de Gilles ALFERA




Gilles Alfera, dont certaines oeuvres sont " intentionnelles" ne cherche pas à faire de l'art religieux comme certains peuvent l'entendre. Il désire retrouver la foi des symboles, non pas de ceux cher à Jean Moréas et à son école. Gilles Alfera désirerait, en quelques images très simples, montrer qu'il existe sans doute une sagesse depuis longtemps oubliée. Attention ! l'artiste ne se pose pas en quelconque défenseur d'une doctrine. Il désire montrer le pouvoir d'un art dont l'existence serait reliée au coeur même du peintre. Pour atteindre ce but périlleux, Gilles Alfera utilise ses aplats dont les multiples contrastes possèdent les moyens de retrouver un espace autre dont on admire l'éloquence. Si dans ses propos, étrangers au Sacré, le peintre semble quelque peu paralysé ; dans ses toiles où il est question de " La Croix ", de " La Nativité ", de " la Coupe ", de " L'Autel ", etc, etc, il possède les moyens de traduire,avec une simplicité et une force extrêmes ce qu'il désire faire passer aux autres et montrer ce que doit être la peinture, si à la place de la virtuosité du pinceau et de l'euphorie de la couleur, on cherche, plus loin, des chemins autres qui sans aucun doute sont de véritables voies de l'Etre susceptible de se remettre en question et d' aider les autres à percevoir des horizons différents.

Ce qui nous plaît, dans les propos de Gilles Alfera c'est son désir de ne " prêcher ", de mettre en avant des idées que tout le monde a le pouvoir de rejeter, mais c'est la volonté de demeurer peintre et de le prouver.

En face d'une toile, par exemple comme " L'Autel ", on se sent loin de toute imagerie religieuse comme devant la " croisée du Transept ", et beaucoup d'autres réalisation de Gilles Alfera. C'est peut-être cette distance entre les images religieuses et les profondes pulsions de la création qui donnent à cette oeuvre rare toute sa puissance d'évocation.
Sans doute Gilles Alfera est loin de la mode et du paraître.


RENE DEROUDILLE
In : Lyon Matin, 24 Décembre 1991